District six et Bo-Kaap : deux quartiers du Cap, deux histoires
Au Cap, Bo-Kaap avec ses maisons colorées est le quartier des « Malais du Cap », des descendants musulmans des esclaves d’Indonésie et d’Inde. Le District six, lui, a été décrété « zone blanche » en 1966, vidé de ses habitants et détruit.
Les couleurs de Bo-Kaap
Il n’y a pas que des gens blancs et des gens noirs, en Afrique du Sud, hein. La réalité est beaucoup plus variée, colorée (et très complexe), liée à l’histoire du pays.
Prenez le quartier Bo-Kaap. Je m’y suis baladée une matinée. En remontant le long de ses rues parfois pavées, on passe devant des petites maisons jaunes, bleues, vertes, rouges… J’ai adoré la promenade.
Au détour d’un coin, la vue est dégagée vers le centre du Cap ou Table mountain. Des petits minarets surgissent des rangs de maisonnettes qui montent le long de la colline Signal Hill. Quelques femmes voilées rentrent des courses ou vont travailler.
Des hommes à la peau dorée regagnent leurs voitures. Quelques maisons ont bien été rachetées par les bobos du Cap, mais le quartier reste aussi habité par des « Cape Malays » (enfin, encore un peu!).
Descendants d’esclaves
Pour la plupart musulmans, ces habitants sont en partie les descendants des esclaves achetés au XVIe et au XVIIIe siècle. En Inde et en Indonésie notamment.
D’ailleurs, un peu plus loin dans le centre de la ville, la « Slave lodge », l’une des plus vieilles bâtisses du Cap où étaient « parqués » jusqu’à 1000 esclaves, mérite la visite pour comprendre d’où venaient ces gens (de Madagascar aussi) forcés à travailler pour les colons d’origine hollandaise.
A Bo-Kaap, un resto s’appelle Biesmiella et on trouve quelques inscription en arabe.
Sous la gouvernement d’Apartheid, les « Cape Malays » étaient juridiquement considérés comme des « coloured » (métis).
Une partie d’entre eux habitaient aussi le District Six, un autre quartier du Cap à l’histoire hallucinante.
Un musée sur le District Six rasé
On la découvre en visitant le District Six museum. Pour cause, le quartier a été complètement détruit. Aujourd’hui, il y a des terrains vagues : seuls les édifices religieux (mosquées et églises) n’ont pas été rasés.
Une université, initialement conçue pour les blancs, a été construite dans une partie du quartier.
En fait, à partir de 1966, le Group Areas act est appliqué dans le cadre des lois d’Apartheid. Le District six, un quartier populaire et cosmopolite où vivent 60000 personnes, devient « zone blanche ».
Parce qu’ils ne sont pas « blancs », des métis (notamment les descendants des habitants d’origine les Khois), des Cape Malays, des noirs, des Indiens… doivent partir et quitter ce quartier au pied de la Table Mountain pour aller dans les quartiers et townships des Cape flats.
Des objets et témoignages
Au travers d’objets familiers et de témoignages, le musée raconte bien l’histoire de ces gens que l’on a arrachés à l’endroit où ils vivaient, et ce malgré des protestations. Il dit l’horreur et l’absurdité de l’arbitraire, de la distinction par « races » et de la discrimination.
Le musée mérite vraiment d’être visité lors d’un passage au Cap, juste pour essayer de comprendre.
Au final, une fois que le District Six a été rasé, quasiment rien n’a été construit à part l’université. C’était devenu un peu trop difficile dans un contexte de protestations d’installer maisons et bâtiments et de faire comme si de rien n’était. Aujourd’hui, seuls quelques anciens habitants du quartier ont été relogés sur place.
Désolée de ce post un peu « professoral » ;-), mais j’avais juste envie de laisser entrapercevoir à travers ces deux quartiers combien l’histoire de l’Afrique du Sud me semble compliquée et dense. :-)
Laisser un commentaire