Carte postale de Palerme
Cher Rico. Je t’écris de Palerme, en Sicile, où je passe quelques jours. Sais-tu qu’il existe un pic Carbonara ? Je croyais que ce n’était qu’une façon de préparer les pâtes.
(Très très très librement inspiré des Lettres persanes, de Montesquieu, parce que ça m’amusait)
Cher Rico, donc.
Je découvre Palerme. Ici, c’est à la fois sale et propre, riche et popu, bruyant et silencieux. Je me promène dans les rues et ruelles. J’aime ça. A tous les coins, il y a un palais – décati ou non – et une église – ouverte ou non.
Sais-tu que quand tu rentres dans l’une de ces églises, tu as presque une chance sur deux de tomber sur une messe ? J’en ai fait l’expérience. Tu y trouves aussi des mariages, en préparation, en cours ou qui viennent d’avoir lieu.
Dans la rue, j’ai aussi croisé plusieurs couples en habits de mariage. Devant le théâtre ou… chez un primeur. Ils sont entourés d’une noria de photographes et de vidéastes. Ils posent pour l’éternité… et leurs albums souvenirs. Tu ne me crois pas ? Ça devait être la saison…
Le gars de Normandie
Ici, certains monuments sont à la fois byzantins, arabes, normands. Figure-toi que la Sicile en a vu passer du monde depuis des siècles.
Je l’aime bien ce Roger II (1095-1154). Il était Normand, comme moi.
Il a été roi de Sicile, quand même, le petit gars originaire de Hauteville, du côté de Coutances. Il n’a pas fait table rase du passé en arrivant. Il a mélangé tout ça pour régner et bâtir. Enfin, c’est ce qui se dit. En tout cas, ce sont les monuments de cette époque-là que je préfère.
Après, d’autres ont remis une couche, gothique, baroque, « bourbonesque ».
Ma tante
J’ai aussi visité Ma Tante. Enfin, mon ancienne tante sicilienne. Enfin, l’ancien crédit municipal de Palerme. Tu me suis ? Impressionnant et émouvant cette structure d’échafaudages et de casiers en bois numérotés. Ils ont stocké, pendant des années, les vêtements laissés en gage, notamment de ceux qui quittaient la Sicile pour se trouver un avenir à New York.
Aujourd’hui, à Palerme, il y a des Sri Lankais et des Africains qui sont venus chercher le leur en Europe. Je ne suis pas sûre que ce soit le paradis pour eux. En tout cas, le dimanche après-midi, ils restent à pied d’oeuvre et ne ferment pas leurs étals. C’est très pratique quand on a besoin en urgence d’une coque de téléphone, d’une ceinture ou d’un masque en bois.
La coupe de cheveux
Je parie que tu veux savoir quelle est la mode à Palerme, non ? Je relève deux tendances. Les jeunes gens des quartiers populaires aiment porter une crête en guise de coupe de cheveux. Attention, pas une fine crête, mais plutôt un large tapis de cheveux qui se termine en pointe, alors que les tempes sont rasées.
La deuxième tendance ? L’engouement pour la cigarette électronique. Glissée dans une poche ou en pendentif autour du cou, elle est dégainée, dès que l’envie s’en fait sentir. Mais rassure-toi, je ne suis pas la seule fumeuse de vraies cigarettes ! Ici, l’odeur du tabac n’est supplantée que par celle des sardines grillées. Tu crois que j’exagère ? Oui, c’est vrai. Tout le monde ne fume pas et j’ai davantage vu de viande grillée, que de sardines.
Reste que les pâtes à la sardine, ce n’est pas une légende. Et j’adore ça, cette délicieuse sauce à la sardine…
Ici, la nourriture est particulièrement bonne. Figure-toi que la glace à la fraise a vraiment goût de fraise !
Attention, quand même, ne commande pas une pizza le midi, tu aurais l’air d’un touriste…
Padre Pino Puglisi
Rico, pendant que tu lis cette carte, je sens que tu te demandes si je vais parler de la mafia. Ben, ça ne se voit pas, comme ça dans la rue, hein. Mais… chut… je préfère me taire.
Ah si, quand même. Samedi, le padre Pino Puglisi a été béatifié. Tu ne le connais pas ? C’était un prêtre de Palerme. Il a été assassiné par la mafia il y a vingt ans, en gardant le sourire. Il luttait contre les mafias, il travaillait avec les jeunes. C’est un martyr. En plus, certains disent que son corps ne s’est pas dégradé après sa mort. Tu le crois, ça ?
Ben moi, j’ai raté la grande cérémonie et la foule en plein air. Je buvais un café en terrasse avant d’aller déposer ma valise, au B&B… J’ai compris tout ça en visitant la cathédrale et en y découvrant le portrait géant de Don Puglisi et son tombeau, devant lequel deux femmes étaient agenouillées.
J’aurais encore plein de choses à t’écrire, mais ce n’est qu’une carte postale. De toute façon, je sais déjà que je reviendrai en Sicile,
Je t’embrasse,
Marie
PS: Cher Rico, passe le bonjour à Usbek, Rica et Montesquieu. Dis-leur bien que je m’amuse, là.
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