Sous les étoiles du désert d’Atacama
Observer le ciel et les étoiles dans le désert d’Atacama, au Chili. J’en avais rêvé. Je l’ai fait. Qui plus est, avec un astronome enthousiaste et enthousiasmant.
Par la vitre
De nuit, lors du long trajet de bus qui m’a conduit à San Pedro de Atacama au nord du Chili, j’ai ouvert le rideau. Surprise. Là, derrière la vitre, s’étalait un ciel étoilé comme je n’en avais jamais vu. Clair et profond, scintillant et sombre. Un ciel de photos, avec la Voie lactée en son milieu. Un ciel qui n’est pas masqué par les lumières des villes, la pollution ou les nuages. Mon bus avançait déjà dans le vaste désert d’Atacama.
Space
Près de San Pedro de Atacama, se trouvent plusieurs observatoires internationaux. Notamment Alma, le plus puissant des radio-télescopes au monde. Il y a été inauguré en mars. Ici, la visibilité est parfaite 300 jours dans l’année !
J’ai voulu faire une sortie astronomie. Un souhait de gamine. Enfant, j’avais demandé un mini-télescope à Noël. Ado, j’ai fait une colo dont l’une des activités était l’astronomie. Adulte, j’ai choisi l’agence Space (San Pedro de Atacama Celestial Explorations) pour voir le ciel du Chili. Le tour de deux heures trente qu’elle propose est plus cher que celui du voisin, mais je n’en avais lu que du bien. C’est celui de l’agence d’un astronome français, Alain Maury.
Une voix juvénile
19h. Il fait déjà nuit noire en juillet. Le froid est tombé. La vingtaine de participants dans leurs vêtements chauds grimpent dans un bus. Six kilomètres de route plus tard, nous voilà à Solor. Dans le noir, on devine les silhouettes de dix télescopes. Une voix juvénile, au très fort accent français, nous interpelle en anglais. Dans la nuit, impossible de bien voir le visage qui se cache sous le bonnet.
Nous levons les yeux au ciel. Notre guide plaisante, explique, décrit. Il rappelle la rotation de la Terre, les latitudes, glisse un peu d’histoire d’astronomie, raconte comment le ciel change pendant l’année, virevolte sur lui-même pour l’expliquer. Il pimente le tout de blagues, de remarques ironiques sur l’Eglise et l’histoire, lance des questions piégeuses.
Des années lumières
Il parle d’années lumières et des feux des bus en provenance de Bolivie que l’on aperçoit, au loin, descendre la montagne. « La lumière de cette étoile, on la voit à l’époque de Christophe Colomb! », enchaîne-t-il. J’adore.
Il utilise un laser vert pour pointer Vénus, la Croix du Sud ou d’autres étoiles. Il explique les constellations et leurs formes. Dont certaines semblent tout droit sorties du chapeau de celui qui les a nommées, tant elles ne ressemblent pas à leurs sobriquets.
Les télescopes
Puis, nous voilà embarqués vers les dix télescopes. On nous en fait faire le tour. Le guide les pointe vers des « objets » célestes : des étoiles doubles (en fait, deux étoiles qui apparaissent très proches dans le ciel. A l’oeil nu, on dirait qu’il n’y en a qu’une), plusieurs nébuleuses, mais aussi la planète Saturne !
Regarder Saturne et ses anneaux, c’est un peu comme retrouver un pote familier. Celui que l’on connaît depuis l’école et les explications sur le système solaire, sans vraiment l’avoir vu de près. Ça vous donne de l’allure, des anneaux !
On va et vient librement d’un télescope à l’autre.
Alain Maury
Pendant une partie de la soirée, j’ai pensé que l’homme à qui appartenait cette voix juvénile était un étudiant, qui bossait pour l’astronome Alain Maury. Tant il était enthousiaste comme un jeunot de faire découvrir le ciel à des béotiens. En fait, c’était Alain Maury. Je l’ai compris quand, dans le noir, il a eu besoin de ses lunettes… pour lire. ;-)
Epatant le monsieur. Ces tours sont son gagne-pain, tout comme les lodges qu’il loue aux astronomes amateurs, mais il les mène avec l’entrain et l’enthousiasme d’un éternel jeunot ! Le tout avec un certain talent pour la vulgarisation des choses compliquées. On sent qu’il y prend du plaisir.
Pluton et chocolat chaud
Cela fait treize ans que ce Lorrain s’est installé au Chili. Avec son épouse chilienne, il fait fonctionner son entreprise, tout en continuant à observer le ciel et à faire des recherches. Il est notamment spécialiste des astéroïdes et en a découverts plusieurs. L’un d’entre eux porte son nom.
A la fin du tour, autour d’un chocolat chaud revigorant après deux heures à 5°C, la conversation se poursuit avec le groupe. On a notamment parlé de Pluton, la planète qui n’en n’est plus une. Avec d’autres, il devrait co-signer prochainement une publication dans la célèbre revue scientifique britannique Nature. Justement au sujet de Pluton et des astéroïdes… Une découverte qui devrait faire un peu de bruit, pense-t-il.
En attendant, il poursuit ses tours. A la fin de chacun, lui, qui est photographe de formation, propose même de vous aider à faire une photo du ciel. C’est celle que vous voyez sur ce post.
:-)
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