A Buenos Aires, les costumes de carnaval racontent 1000 histoires
A Buenos Aires, début février, c’est déjà un avant-goût du carnaval. Les groupes des différents quartiers paradent. J’ai été bluffée par leurs habits de satin. Ils sont brodés de paillettes, qui dessinent des portraits de Maradona ou d’Homer Simpson. Au gré des amours de chacun.
Je viens de passer trois semaines en Argentine. En cette période carnavalesque, j’entame le récit de ce séjour très varié par une incursion colorée, à Buenos Aires.
De 3 à 70 ans
Direction l’avenida de Mayo. Tout près, la place du même nom où les manifestants se réunissent régulièrement face à la Casa rosada, l’Elysée argentin.
Ce jour-là, c’est la fête.
Imaginez des grosses caisses pour le rythme et des danseurs plutôt théâtraux ou acrobatiques devant une scène. Ils ont 3 ans ou 70 ans.
Ils portent les couleurs de leur quartier, de leur murga.
La murga
Les murgas, c’est pas n’importe quoi. Ces groupes incarnent le carnaval porteño. Ils représentent Palermo, La Boca, San Telmo…
Les uns en rose et noir, les autres en vert et rouge… dans un tissu brillant. Hauts chapeaux, gants, ombrelles… Des attributs qui rappelle l’héritage ancien du carnaval et les moqueries vers les plus riches.
La rue est leur terrain.
Les parades des murgas se déroulent chaque week-end de février avant le carnaval. J’en ai vu deux, dans des quartiers différents. D’après ce que j’en ai compris les chansons mêlent humour, amour et des éléments plus sociaux, le quotidien, le quartier.
Ariel Prat, un chanteur, donne cette définition :
Murga : un sentiment de colère et de fierté qui se danse.
Il l’a aussi décrite à peu près ainsi : « C’est quelque chose comme la petite-fille rythmique de notre négritude presque disparue et la fille dépravée et non reconnue du tango. »
Des costumes comme des BD
Les détails des costumes m’ont le plus fascinée. Certaines vestes sont des oeuvres d’art du kitsch, de l’orfèvrerie de la couture, des BD qui se lisent sur le dos pailleté. Chacun y brode ce qu’il aime. Une fillette y a fait se rencontrer le chien Scoobidoo et Hello Kitty.
D’autres y affichent les couleurs de leurs clubs de foot -Boca juniors ou River Plate- à côté de personnages de cartoon, des visages du Che ou de Maradona, des têtes de mort, des symboles.
Sur le dos d’un homme, le logo du groupe Iron Maiden côtoie un pharaon qui fait un clin d’oeil et un phénix tout en plumes chatoyantes !
Mon préféré est politique : un large écusson à l’effigie de Juan Perón commémore le 17 octobre 1945 (ci-contre). Ce jour-là, sous la pression de syndicats, de celle de sa maîtresse Evita et de grandes manifestations d’ouvriers, celui qui allait devenir président est sorti de prison.
Depuis, pour les péronistes, cette date est devenu « el día de la lealtad » (« le jour de la loyauté »).
Ces costumes en racontent un peu sur ceux qui les portent. Et ça me plaît.
Pour regarder, les photos en plus grand, il suffit de cliquer sur l’une d’elles et de les faire défiler. :-)
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