Lanzarote, ça me botte !
J’ai passé une semaine aux Canaries, sur l’île de Lanzarote. Sans connaître, j’avais quelques a priori négatifs. J’ai bien fait d’aller voir par moi-même car j’ai beaucoup aimé les volcans noirs, les petites vallées cultivées, le soleil soufflé par le vent…
Au-delà des clichés
Les Canaries, je ne connaissais pas. J’avais une idée floue sur cet archipel d’îles situé à à peine plus d’une centaine de kilomètres du Maroc, dans l’Atlantique. Deux images en tête : le tourisme de masse dans des hôtels all inclusive — pas vraiment mon truc ; le temps clément et sec toute l’année, bénéfique aux gens souffrant de rhumatismes — pas encore mon truc.
Puis, j’ai examiné l’idée d’y passer une semaine en hiver, en me disant que ces îles espagnoles ne se résumaient certainement pas à cela. J’avais envie de soleil et de ciel bleu en novembre, pas très loin de chez moi. Ce genre de choses qui n’existent guère, à cette période, en Bretagne où je vis (faut bien le reconnaître, hein).
De lectures de sites en conseils d’amis, j’ai choisi l’île de Lanzarote, dont les photos de champs de lave figée me fascinaient. Aussi, parce que les vastes hôtels et les locations saisonnières avaient l’air de se cantonner en des endroits précis. Je me suis imaginée me balader sur les volcans et me nourrir du soleil en lisant sur une plage.
Et je suis arrivée.
Quand le jour se lève
Ce soir de novembre, mon avion atterrit à Arrecife alors que la nuit vient de tomber. Je ne vois que ce qu’éclairent les lampadaires. Je récupère une petite voiture de location (100 € la semaine) et conduis vers le nord.
Mon camp de base, chez l’habitant, se trouve à Guatiza. Chez Nino, ça avait l’air à l’écart de la ville au pied d’un volcan, la mer à quelques centaines de mètres.
La campagne est plongée dans le noir, je ne la devine même pas, mais je me laisse guider sur un chemin de terre cahoteux, sous les étoiles.
Le lendemain, au réveil, par la fenêtre, je découvre le sol rocailleux et l’air clair, les flots bleus frottés par un léger vent et, derrière, un volcan pentu mâtiné d’un rouge rouillé. Je suis toute excitée. Je sens que ce séjour va être léger.
Le nord de l’île
Mon hôte, Nino, m’a donné plein de conseils. Il connaît très bien son île et me recommande d’aller dans les sites touristiques en fin de journée, lorsque les guaguas sont déjà passés. Comme à Cuba, c’est comme ça qu’on appelle les cars ici.
Et les guaguas (prononcez wawas) de touristes sont assez nombreux. Avec les effets de groupe inhérents, les parleurs forts, les passeurs dans le champ de la photo, les critiqueurs, les blagueurs pour la galerie, les comparateurs, les oublieurs d’eux-mêmes et les émerveillés, les disciplinés, les éveillés.
Je suis ravie d’être seule au volant. Je m’arrête où et quand je veux. Devant un champ de cactus, dans un petit village côtier — maisons blanches et volets bleus ou verts — pour prendre un café, devant un ancien champ de lave où la végétation rase fait comme des moutons de verdure. Il a plu il y a une semaine, m’a dit Nino, alors tout est un peu plus vert sur cette île aride.
Sous la croûte de lave
Aux Jameos del agua, je découvre ces cavités souterraines qui circulent d’un vieux volcan jusqu’à la mer (en fait, il est plutôt adolescent à l’échelle géologique) .
La lave s’est figée au contact de l’air, mais a continué à couler dans ces tunnels, créant des conduits dans lesquelles l’Atlantique s’est engouffré.
Le site a été aménagé par César Manrique, artiste du XXe siècle, emblématique de l’île. Je dois bien avouer que je ne le connaissais pas, mais c’est à lui que Lanzarote doit d’être préservée et les zones hôtelières construites en seulement trois points de l’île.
Ce lieu naturel encaissé, façonné par l’homme, me plaît. On descend dans une œuvre d’art. L’eau cristalline abrite des centaines de petites crabes blancs et aveugles, uniques au monde. L’atmosphère est feutrée, presque irréelle.
Après un bassin d’eau bleue entouré de palmiers et de plantes grasses, comme un paradis protégé, se trouve une salle de concert des plus fascinantes. Dans l’ample « grotte », les gradins descendent vers la scène. Je me dis que j’adorerais passer une soirée, ici, dans ce lieu paisible et apaisant, boire un verre au bar près des crabes, avant d’aller écouter la Sonate n°17 de Beethoven (La Tempête) dans l’auditorium de pierre, ressentir les contrastes, le calme après l’éruption.
Pour voir les photos en grand, il suffit de cliquer dessus et de les faire défiler.
Un peu plus haut dans les terres, c’est la Cueva de los verdes. Toujours ces cavités, ici on les découvre par groupe, avec un guide. Les gouttes de lave figées, la paroi qui ressemble parfois à du mastic, les couleurs du gris au vert en passant par le jaune, ça vaut bien de se plier en deux pour ne pas se cogner la tête.
Sable blanc sur pierres noires
Tout au nord de Lanzarote, des blocs de pierre noire semblent pousser dans du sable blanc très fin. Comme il y a toujours un peu (beaucoup, passionnément) de vent, des abris de pierres circulaires servent de coupe-vent.
Les gens s’y prélassent comme dans des petits nids. Cette façon de faire se retrouve un peu partout sur l’île, y compris pour protéger les vignes !
La Graciosa, l’île sans bitume
D’Orzola, un ferry emmène vers la petite île de la Graciosa. J’y suis allée.
Dans son petit port, pas de bitume. Les rues sont en sable et les maisons des cubes blancs. Cela donne un petit air de Maghreb à l’endroit. Il n’y a pas un arbre. Il faut marcher trois ou quatre kilomètres vers l’est pour atteindre de superbes plages, idylliques le matin avant que n’arrive un catamaran déversant un gros groupe de touristes.
Une autre plage, un peu plus loin, reste calme. Quelques Allemands s’y baignent tout nus. C’est le genre de lieu où le temps se suspend. Je nage au milieu des poissons rayés, je lis au soleil, je roupille un peu.
Du haut des falaises
La partie nord-ouest de l’île, elle, est escarpée. Du haut des falaises, la vue plonge vers La Graciosa. La mer est archi bleue.
Derrière, les terres noires sont cultivées et habitées. Je m’arrête dans le village de Maguez, pour grimper jusqu’au bord de la falaise.
Je serpente parmi les champs. Quelques cucurbitacées s’étirent sur le sol, entre les murets.
Le cratère d’un volcan s’ouvre à mon regard, à mesure que je monte. Le bel arrondi, de son cœur, ses pentes régulières… Je ne sens pas l’effort car j’observe tout autour de moi. Le vent frais m’a fait enfiler un gilet. Je suis arrivée en haut. Ravie.
Le lendemain, j’ai refait une balade de ce type, à partir de Haría, une petite ville juste à côté. Entre quelques palmiers, j’ai remonté la Valle de los Catillejos et je suis redescendue par celle del Rincon. J’ai failli être emportée par les alizés dans le précipice ! J’ai résisté. ;-)
Famara et les surfeurs
Les vagues ci-dessus sont célèbres pour le surf. C’est à Famara que le peuple coolos des surfeurs s’en donne à cœur joie (ceci est un sarcasme, je le concède. Tout surfeur n’est pas cool, et tout cool n’est pas surfeur). Il y a aussi des windsurfeurs. Yeah ! J’ai déjà écrit qu’il y avait du vent ? Non, si ? ;-)
Le coin est assez sauvage et beau. Puis, j’y ai mangé une délicieuse daurade grillée, avec des pommes de terre en robe des champs confites au sel, accompagnées de mojos, ces sauces rouges et vertes relevées, typiques des Canaries (oui, ça ne pouvait que réjouir la gourmande que je suis).
Vous l’avez compris ? J’ai vraiment aimé Lanzarote ! Je ne suis même pas payée par l’office de tourisme pour le dire. Et je n’ai pas encore parlé du parc national avec les volcans tout jeunots!
J’ai désormais remisé mes idées préconçues (et d’ignorante) au cagibi. Peut-être que je retournerai aux Canaries avant même d’avoir des rhumatismes. ;-)
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