Des sirènes à New York ! C’est la Mermaid parade de Coney Island
A New York, quand vient l’été , des sirènes loufoques, des poissons à jambes, des hippocampes sur roulettes défilent à Coney Island, au bord de sa célèbre plage. Un rendez-vous délirant et familial, gai et chaloupé, avec paillettes et seins nus.
Premiers spécimens dans le métro
Dans une rame du métro de New York, une famille latino revient des courses, un hipster écoute de la musique, une fille sirote son café glacé les yeux sur son smartphone et… deux sirènes discutent. Personne n’a l’air de s’étonner. Pas même moi à vrai dire, car je devine qu’elles vont à la Mermaid parade, le « défilé de la sirène », à Coney Island. C’était samedi 18 juin.
N’empêche, je ne peux me retenir de regarder ce costume d’écailles vertes brillantes et décolleté, surmonté d’une tête pailletée à la coiffure sophistiquée.
Un changement. Les couloirs souterrains. Une autre rame. En voilà d’autres ! Je suis sur la bonne route.
Fêter l’été
Après une petite heure de trajet, je découvre la plage mythique de New York, babe ! Les manèges de Luna park sont là, la foule déguisée aussi. Ce défilé des sirènes a lieu le samedi le plus proche du 21 juin, jour de l’été.
Son origine remonte aux années 1980. Elle n’a « pas d’objectifs ethniques, religieux ou commerciaux », assure les organisateurs. C’est une fête créée au moment où ce coin de New York n’avait pas la cote. « Une version américaine de la célébration du solstice d’été », dans ce morceau de Brooklyn où se trouvent les rues Mermaid et Neptune.
Désormais, des habitants des cinq boroughs de New York s’y retrouvent. Chacun fabrique son costume et porte avec fierté son délire. C’est gentiment fou fou fou.
Tous en place ?
Il fait beau et chaud ce jour-là. Les personnes déguisées remontent le courant sur le bitume, en direction du début de la parade. Il faut s’inscrire pour défiler. Car il y a un concours du meilleur costume.
Les autres prennent place devant les barrières pour ne rien rater du spectacle. Certains en profitent pour faire la queue afin de manger un célèbre hot dog de chez Nathan’s. Ce resto organise un grand concours du plus gros mangeur de hot dogs quinze jours après la Mermaid parade, le 4 juillet… J’avoue que j’aurais jubilé de voir cet événement gargantuesque, fascinant de vacuité et d’absurdité. ;-)
Ceux de la parade
Et c’est parti. Le cortège s’élance. Surf avenue se transforme en scène des excentricités. C’est bon enfant. D’abord, quelques vieilles bagnoles, dont une avec des dents et un aileron de requins. Puis des hommes, des femmes, des enfants en marins, en sirènes, en poissons, en pirates, en Neptune !
Tout le monde s’amuse, sans gêne et en liberté. Certaines ont les seins à l’air. D’autres exhibent leurs rondeurs. La fête prend parfois des airs de gay pride. Le tout a un goût de folie douce.
Voici quelques photos pour voir l’ambiance de la Mermaid parade. Pour les voir en grand, il suffit de cliquer sur l’une d’elles et de les faire défiler.
D’autres encore en profitent pour passer des messages militants : sur les sacs plastiques, qui deviennent des déchets que l’on retrouve dans les océans ; sur la déforestation qu’entraîneraient les gobelets en carton d’une célèbre chaîne de café à emporter… Et, en cette année d’élection présidentielle, une marionnette Trump en prend pour son grade.
Des trombines
Le cortège est très long. Chacun savoure : ceux qui défilent et ceux qui regardent. Tout ça est très fendard et l’ambiance détendue.
Les manèges mythiques
Juste derrière, le nouveau Luna Park continue à faire tourner ses manèges. D’un côté, le Thunderbolt monte et descend ses wagons à la verticale sur des tubes orange. Frisson rien qu’à regarder. Luna park, qui a fonctionné pendant la première moitié du XXe siècle, a rouvert en 2010.
A l’autre bout, un manège mythique de 1927 : le Cyclone, des montagnes russes classées au patrimoine des Etats-Unis. Ce dernier a été rénové mais il est toujours en partie en bois ! Il faisait partie du parc d’attractions Astroland, qui a fermé en 2008. J’ai des images d’un vieux film en tête sans parvenir à retrouver lequel…
Entre les deux, plein de manèges au look un peu vintage. L’ambiance est chouette, face à la mer. Cela crée une atmosphère particulière. C’est celle de Coney Island.
Sur la plage ensoleillée
Sur cette plage, difficile de croire que l’on est à New York. J’adore. L’océan au bout du métro. La mer après les buildings. Un autre monde, où chacun s’accorde une parenthèse.
Et plus loin, il y a Brighton beach, le Little Odessa où vivent des émigrés russophones. D’autres visages, d’autres langues, un décor presque soviétique, des restaurants de bord de plages où l’on entend des tablées entières parler russe autour de nappes blanches.
C’est aussi ça New York. C’est étonnant New York.
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