Une plongée en Thaïlande ? Arf, sortez-moi de l’eau !

Escapade à Koh Phi Phi, en Thaïlande. Ma copine de voyage est plongeuse. Elle me pousse à aller voir ce qui se passe sous l’eau. Mais, moi je sais bien que je ne sais pas respirer par la bouche !

Respirer par la bouche ?

« Tu vas adorer ! » Elle en est persuadée : il faut que je fasse un baptême de plongée en cet hiver 2011. C’est vrai que Koh Phi Phi, cette île thaïlandaise, se prête bien à une tentative. C’est vrai que je suis curieuse de découvrir le monde sous la surface de l’eau.

Mais, j’ai quelques appréhensions. Je ne sais pas respirer par la bouche, moi ! Déjà, quand j’ai un rhume, j’ai l’impression que j’étouffe ! Alors, respirer dans un détendeur, hum…

Quand même, ce serait bête de ne pas essayer… Elle choisit un centre. J’ai confiance. Le lendemain, nous embarquons vers Phi Phi Leh. Sur le bateau, mon copain de baptême de plongée et moi avons le droit à petit briefing. « Ça, c’est pour respirer », explique le moniteur français, en montrant le détendeur à mettre dans la bouche. Mmh. C’est une sorte de pieuvre à un seul tentacule, cet engin…

A l’eau

Rapidement, il nous montre les gestes élémentaires pour communiquer sous l’eau. En bonne optimiste qui n’a pas peur, je retiens : « on remonte » et « je n’ai plus d’air ». Il parle de la technique pour vider l’eau de son masque.

Il explique comment compenser la pression dans les oreilles quand on descendra. Tout s’enchaîne rapidement. Comme si de rien n’était. Bon, ben, on enfile le matos alors. Et zou, à l’eau !

Aaaaaah !

Là, à une dizaine de mètres du bateau, barbotant à la surface, on me fait tester le vidage de masque pour de bon. Mmmh, je ne trouve pas les essais concluants… Mais, hop, on descend ! Je me laisse faire. Aaaaaaaaah ! J’aime pas ! C’est quoi ce truc oppressant ? Comment on fait ?

Je ne sais pas respirer par la bouche ! Respire, respire ! Pourquoi l’air ne fait qu’effleurer mes poumons ?! Il faut que je fasse des efforts monstrueux pour inspirer, mais c’est pas pour les humains, ça ! Allez, calme toi ma fille. Sois digne, sois digne ! Respire ! Le moniteur essaye de m’apaiser du regard.

On s’enfonce. Tiens, des poissons multicolores, des coraux. C’est beau ! N’oublie pas, respire ! L’air n’entre pas bien par la bouche ! Je me fais traîner. Je respire toujours ?

J’esquisse quelques signes de coolitude – les doigts levés, yeah, yeah – à ma copine. Ben oui, j’essaye quand même. Puis, c’est tout de même étonnant ce paysage sous-marin. On avance.

Euuh, au fait, je respire encore ?

Et où a-t-elle disparu celle qui voulait à tout prix que je plonge?

Et mon buddy de baptême?

On est profond là ?

C’est pas normal de téter de l’air ! Je veux respirer, par le nez, moi !

Tiens, un requin

Au bout d’un moment, je trouve mon (petit) confort et un (petit) usage de mon nez : j’inspire par la bouche et j’expire par la bouche ET par le nez dans le masque. Je regarde davantage. On me montre des choses. C’est chouette quand même. Euuh, je respire toujours ? Allez, inspire, expire ! Tiens, voilà un requin pointe noire. Coool. J’ai bien fait d’essayer quand même.

Aaah, mais j’aime pas respirer comme ça ! Faudrait être un poisson, ce serait mieux. Comment ça se fait que je n’ai pas de branchies ? Et comment ils font tous les autres plongeurs que j’aperçois ? Pourquoi j’y arrive pas? Faut vraiment inspirer fort pour faire entrer de l’air…

On est à dix mètres de profondeur depuis un moment… Je découvre toute une vie sous-marine, un monde inconnu. Pas mal, je dois bien l’admettre. On me fait signe qu’il est temps de remonter. Pfiou… Soulagement, j’y suis arrivée.

Horreur ! Malheur !

Je retrouve l’usage de mon nez après 50 minutes sous l’eau ! Yihou ! Sur le bateau, j’admets : « Je n’étais pas très à l’aise… » Apparemment, ceux qui étaient dans l’eau autour de moi l’ont bien remarqué ! Un petit repas et on y retourne… Euh, oui ?

Finalement, j’ai encore plus d’appréhensions, parce que maintenant, je SAIS que je ne sais pas ! D’un autre côté, je me dis que je ne peux que progresser. Alors, je replonge, un peu pétocharde.

Hélas ! Horreur ! Malheur ! On est sous l’eau et il y a deux millimètres d’eau dans mon masque ! J’arrive à en vider la moitié. Mais il en reste encore beaucoup trop ! Cette micro flaque met mes narines hors d’usage. Je ne peux pas faire mon petit stratagème de la première fois.

Panique. Je veux remonter. Je fais signe. Mon moniteur me gronde des yeux ! Il a l’air de dire: « C’est facile, y’a qu’à respirer ! » Je le maudis intérieurement. Pas vraiment longtemps car il faut que je me concentre. JE DOIS RESPIRER.

A partir de là, je ne lâche plus le détendeur. Ma main reste dessus. On sait jamais, s’il avait envie de se faire la malle. C’est à peine si je me laisse distraire par une tortue qui batifole dans le corail. Ma copine Corinne la filme et a l’air de s’amuser.

Tête de mort-vivant

Moi, je me fais traîner comme un boulet. J’aperçois les choses plus que je ne les regarde. J’attends que tout ça cesse. Je dois avoir une tête de mort-vivant. C’est le regard plein de sollicitude de mon amie qui me renvoie cette image. Elle en rajoute en me prenant la main. Ouf, je ne suis pas seule au monde. Aïe, l’heure doit être grave pour qu’elle vienne à mon chevet !

M’en fous ! Faut que je respire ! Bon, ben oui, y’ a un autre requin pointe noire là-bas. Super…

Cinquante minutes plus tard, on remonte ! Ouf ! On me dit que certains ont besoin de davantage d’entraînements pour arriver à plonger, qu’il faudrait essayer en bord de plage ou en piscine, que tout n’est pas perdu… Oui, bon, ben, moi, je le savais bien que je ne savais pas respirer par la bouche ! ;-)

Je ne regrette pas du tout ce double baptême. Ça me fait rire, maintenant. En rentrant dans la chambre d’hôtel, je me suis endormie comme une masse. Abattue.

Est-ce que j’aimerais réessayer ? Euh, hein ? Comment ? Plaît-il ? Bien sûr que… A dire vrai, je ne sais pas. Ça m’a plu d’apercevoir le monde sous-marin, j’adorerais pouvoir être à l’aise sous l’eau… Sauf que ça n’est pas le cas.

J’ai l’impression que je suis une baptisée très coriace à faire avancer. Hé hé. Maintenant, j’ai carrément la trouille à l’idée de recommencer.

Mais dans quelques mois, j’irai en Polynésie… alors on verra. :-)