Pas encore « fiu » de Tahiti !
Tahiti est attachante. Une côte de sable blanc, une autre de sable gris, des villes, villages et des montagnes vertes et escarpées. Je viens de quitter l’île et je n’en l’aime que davantage.
Un Bounty et ça repart !
Lors de mon voyage de quatre mois, je me suis arrêtée cinq semaines en Polynésie française. Je viens d’arriver en Californie, mais comme à chaque fois mes pensées restent quelques jours tournées vers le précédent lieu visité.
J’en profite pour faire un petit post sur l’île de Tahiti (après ceux sur Papeete et la Normandie de Tahiti). Autant le dire d’emblée, j’ai adoré lire Les révoltés de la Bounty, de Charles Nordhoff et James Norman Hall (1932), pendant que j’étais sur place.
Evidemment, l’île d’aujourd’hui n’est pas celle décrite dans le roman. N’empêche, j’ai l’impression d’avoir petit à petit réalisé pourquoi ces marins avaient adoré Tahiti. Fou, non? ;-)
Fiu ?
Bref, je ne suis pas « fiu » de Tahiti. Ce concept polynésien me ravit. Il décrit un état d’âme aux multiples variations : ennui, ras-le-bol, langueur, nonchalance, spleen, fatigue, lassitude… Il mériterait un billet de blog à lui tout seul tellement il est utilisé, tellement il est indissociable de la Polynésie. Ce blog décrit bien le fiu. Mais vous êtes peut-être un peu fiu de lire tous ces détours introductifs ? Alors, je commence.
Côte ouest
Une route fait le tour de Tahiti. Ici, on parle de « côte est » et de « côte ouest ». A l’est, les plages sont de sable gris, car la côte n’est pas protégée par un récif corallien. On sent presque l’ancien volcan frémir sous nos pieds (bon d’accord, j’exagère…). De l’autre côté, les plages sont de sable blanc.
Direction la côte ouest, là où le sable est… (vous suivez ?) On passe devant l’aéroport international de Faa’a, où des mamies vendent des colliers de fleurs et de coquillages pour que chacun puisse accueillir touristes, membres de la famille et visiteurs comme il se doit !
Ma cousine, qui vit à Papeete, m’avait gâtée de quatre colliers à mon arrivée. J’ai encore le parfum des fleurs de tiaré dans les narines…
De là, on aperçoit la silhouette déchiquetée de Moorea, l’île voisine de Tahiti.
Des poissons et la plage
Sur le bord de la route, des gens vendent du poisson. Enfin… des poissons sont à vendre devant des maisons, devrais-je écrire, car il n’y a pas toujours quelqu’un à côté des écailles. Comme des vêtements dans une penderie, les poissons sont suspendus la queue vers le bas, les uns à côté des autres. Certains sont énormes !
A la plage publique (de sable blanc, hein), des familles et des groupes de jeunes prennent le soleil et vont s’amuser dans l’eau.
On est au PK combien, là ?
Sur cette route qui fait le tour de Tahiti-Nui – la grande île – des bornes rouges et blanches marquent les points kilométriques. Le point zéro est à la cathédrale de Papeete. Ce qui donne des conversations sympas du genre :
On a raté le PK 22 ?
– Celui du marae d’Arahurahu ? Non, je crois qu’on vient de passer le PK 16… Tu es sûre que c’est au 22 ? »
Le marae d’Arahurahu mérite un stop. On trouve ces anciens lieux de culte en de multiples endroits dans les îles polynésiennes, mais celui-ci a bénéficié d’une restauration qui permet à la profane (moi !) de mieux voir et comprendre ce qui se jouait là. Parce que, faut bien l’avouer, un marae, ça ressemble parfois à un tas de pierres. Sacrées, certes, mais un tas de pierres.
Là, au milieu de la végétation tropicale, entre soleil et pénombre, j’aime essayer d’imaginer les cérémonies et réunions qui s’y déroulaient.
Il y a toujours un cocotier
Même si Tahiti n’est pas l’île « carte postale » de la Polynésie, on n’est jamais bien loin d’un cocotier, mais… ils ne sont pas forcément près d’une plage.
Au sud, l’isthme de Taravao relie Tahiti-Nui (la grande île) à Tahiti-Iti (la presqu’île). Ce bras de terre entre les deux anciens volcans semble bien fragile vu du plateau de Taravao, là où Tahiti ressemble à la Normandie.
La vague du surf
Sur Tahiti-Iti, pas de tour possible en voiture. Au sud, la route s’arrête au village de Teahupo’o.
Une vague, mondialement réputée pour le surf, s’y trouve juste en face. On la rejoint en bateau. De la côte, elle fait déjà belle impression.
Une petite embarcation disparaît de nos yeux à chaque fois qu’elle se forme. Il n’y a pas foule ce jour-là.
Personne sur l’eau, peu de monde sur terre non plus, mais un excellent (et trèèèès copieux) poisson cru dans un resto en face du parking !
« Silence culte »
Ça, c’est un truc qui m’a fascinée. Les panneaux de signalisation « Silence culte » ont l’air de pousser comme les cocotiers sur le bas-côté de la route.
En fait, je n’ai jamais vu autant d’églises et de temples pour si peu d’habitants.
Parfois, sur quelques centaines de mètres, il y en a quatre différentes avec toutes les déclinaisons possibles, y compris les Mormons.
Ces bâtiments, dont certains de construction assez récente, n’ont pas grand intérêt du point de vue architecturale, mais sont souvent remplis lors des services.
La côte est plus sauvage
La côte est, moins peuplée, est plus sauvage, quasi à flanc de montagne. Là aussi, villages et églises se succèdent. Dans certains coins, des jeunes font du surf en fin de journée.
En remontant vers le nord, on arrive au site des Trois cascades auquel on accède après une petite marche. Une légende avec des gentils et des méchants (évidemment) serait à l’origine de leur formation.
Pas loin, le trou de souffleur est le lieu d’un phénomène assez impressionnant. De l’autre côté de l’ancienne route qui suit la côte, des vagues s’engouffrent dans un trou dans la pierre. Elles rejaillissent par ce conduit dans un souffle à faire s’envoler les chapeaux et un bruit à faire frémir les ogres!
La Pointe Vénus
La Pointe Vénus est la plus célèbre plage de sable gris de Tahiti. On s’y brûle les pieds, mais j’aime cette ambiance. Les personnages de la Bounty y vont régulièrement. C’est d’ailleurs dans la baie de Matavaï, en face, que les premiers bateaux occidentaux mouillaient.
Et au milieu ?
Il coule une rivière, mais aussi d’autres cascades. Et surtout, il y a les montagnes dont les sommets sont souvent cachés par les nuages. Elles sont escarpées, vertigineuses, vertes, noires, pointues… Certaines culminent à plus de 2000 m.
Une route, accessible aux 4×4, traverse l’île par la vallée de la Papenoo. Une balade à faire par beau temps, avec une petite baignade dans une eau non salée rafraîchissante ! La petite route devient de plus en plus raidoche à mesure qu’on monte avant de passer par un étroit tunnel, après lequel elle redescend encore plus abruptement. Youhou !
J’aurais bien repris un peu de Tahiti. Pour autant, je n’ai pas pris en otage le commandant de bord de l’avion qui m’emmenait à Los Angeles, telle une mutinée des temps modernes. Faut dire que la Californie m’attendait (si si, elle me l’a dit !). Reste que j’aimerais bien découvrir Pitcairn, là où les mutinés de la Bounty avaient trouvé refuge…
Un jour, peut-être, j’irai me cacher là-bas… si j’ai la fiu attitude.
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