Les pierres du mystère à l’Île de Pâques

Les cratères, les grottes, les moais en rang dos à la mer… Je dresse une liste des endroits qui m’ont le plus plu sur l’Île de Pâques. Plonger dans ce passé en partie insaisissable est un voyage dans le temps et l’imaginaire.

Après avoir raconté mon premier jour sur place et avoir décrit tout ce qui m’avais surprise à Rapa Nui, l’autre nom de l’île, je vous propose un tour sur quelques sites archéologiques. Pas de grands discours historiques mais quelques anecdotes et des photos !

La carrière des moais

Rano raraku, la nurserie des mois à Rapa Nui.
Rano raraku, la nurserie des moais à Rapa Nui.

Saviez-vous que les moais, ces statues énigmatiques symboles de Rapa Nui, poussaient dans une carrière adossée à un volcan ? ;-)

Le lieu est extraordinaire. C’est le seul endroit de l’île où étaient fabriquées les statues. C’est celui que j’ai préféré.

Il y en a des dizaines.
Il y en a des dizaines.

De loin, sur les pentes vertes du volcan, les moais sortent de terre. En désordre. En vrac. Comme un jeu de quilles géantes, emprisonnées dans le sol. Le temps et l’érosion ont fait leur œuvre. La moitié du corps des statues est enterrée. On devine que certaines font presque 10 m de haut.

Rano Raraku est une carrière. Dans le tuf, on voit les corps qui étaient en cours de fabrication. Des ébauches à différents stades. En train de surgir de la pierre. Encore prisonniers.

Le plus étonnant ? Certains, en retrait dans la roche de la paroi, semblent plus avancés que ceux qui sont au premier plan. Comment faisaient les sculpteurs pour les sortir de là, sans tout casser ?

Mon guide me fait remarquer, qu’ici, les yeux des moais ne sont pas finis, contrairement à ceux que j’ai vu sur la côte, sur les plateformes cérémonielles (ahu). C’est probablement lié au fait que les moais représentaient les ancêtres des différents clans. On ne les « incarnait » qu’au dernier moment. À la livraison, peut-être. C’est la carrière d’Obélix, mais avec un peu plus de gueule ! ;-)

La vue depuis Rano raraku, la nurserie des moais.
La vue depuis Rano Raraku, la nurserie des moais.

Mon guide me montre aussi, au loin, des moais couchés sur le dos, au sol. Ici et là, ils font comme un chemin vers la côte et les différents coins de l’île. Des théories disent qu’ils étaient, sans doute, en cours de transport.

Mes yeux et mes oreilles s’écarquillent ! J’imagine l’effervescence permanente. Le bruit des hommes et des pierres. Je me dis que tout a dû s’arrêter brusquement.

Mon guide sourit et relativise. Il fallait sans doute une année pour les déplacer. Tout devait se passer très lentement… De toute façon, on ne sait pas vraiment. Cela reste un mystère. Certains disent que les moais étaient déplacés debout par un jeu de balancement et de cordes… Comme s’ils marchaient.

De l’autre côté, de cette carrière sur les flancs du volcan, c’est le cratère. Là aussi, sur les pentes, on trouve des moais. On ne peut plus les approcher. La zone est protégée. Au centre : un lac dans lequel se reflètent les nuages gris…

Je vous laisse faire marcher votre imagination en regardant quelques photos. Pour les voir en grand, il suffit de cliquer sur l’une d’elles et de les faire défiler.

Les moais étaient aussi coiffés de chapeaux, les pukaos. Ces cylindres en pierre rouge étaient, eux, façonnés dans un autre coin de l’île.

La plage Anakena

Seule plage de sable blanc (et fin), elle se situe sur la côte nord. Une rangée de moais y tournent le dos à l’océan, comme (presque) partout. Ils sont coiffés.

Ils ont été redressés au XXe siècle, comme tous les moais qui sont debout. Des guerres de clans et des intempéries avaient couché la plupart des statues de l’île.

Les moais coiffés de la plage Anakena.
Les moais coiffés de la plage Anakena.
Délicieuse empanada de thon, sur la plage d'Anakena.
Délicieuse empanada de thon, sur la plage d’Anakena.

Dans ce cadre, j’ai goûté la plus délicieuse des empanadas de thon…

La dame de la petite gargote cuisine fraîchement tous ces petits chaussons farcis. Un à un.

Je me demande si je vais manger le gros thon que j’ai vu être découpé le matin même. Ça valait le coup d’attendre. Délicieux, même si je me dis que le décor est y sans doute, aussi, pour quelque chose…

Le cratère et le culte de l’homme-oiseau

Les motus face au village d'Orongo.
Les motus face au village d’Orongo.

J’ignorais tout de cet homme-oiseau !

Ce culte a été pratiqué du XVIIIe au XIXe siècles, après l’apogée des moais. Le site du village cérémoniel d’Orongo est superbe.

De l’autre côté du cratère Rano Kau, il surplombe, sur une haute falaise, des petits motus (îlots).

Tous les ans, des représentants de chaque clan descendaient la paroi rocheuse et nageaient à travers les flots du Pacifique pour aller chercher sur les motus le premier œuf de sterne de la saison. Les hommes pouvaient y rester des semaines à patienter avant de rapporter ce « trésor » intact… La tribu gagnante régnait pour un an. Des missionnaires en ont fait le récit.

On trouve à Orongo des représentations de Make Make, le dieu-oiseau. Le village se compose de basses maisons en forme de barque. Pour pénétrer par l’étroite entrée, il faut ramper.

De l’autre côté, c’est le cratère sur lequel flotte la végétation. J’y suis revenue plusieurs fois. Regarder et regarder. J’adore l’endroit.

La plus grande rangée

Il est bien impressionnant ce rang de moais. Quinze statues face à une plaine. C’est l’Ahu Tongariki. Monumental. Majestueux. C’est sans doute le plus photographié de l’île. Je n’ai pas échappé à la règle…

L'Ahu Tongariki.
L’Ahu Tongariki.
L'Ahu Tongariki.
L’Ahu Tongariki.

Je regarde les visages des moais, tous un peu différents. Leurs mains aussi, sculptées dans la pierre. Les vagues derrière.

Là aussi, c’est le genre d’endroit où on peut rester des heures.

Des mécènes japonais ont redressé ces statues. Elles avaient été définitivement couchées et abîmées par un tsunami au XXe siècle.

Mon guide me raconte tout ça. Il évoque le drapeau japonais, le soleil levant, le choix nippon de s’occuper précisément de ces moais

Alors, j’y suis retournée au petit matin pour voir le lever de soleil ! Avis aux amateurs de clichés clichés.

Là aussi, cliquez pour voir les 50 nuances de jaune. ;-)

Les grottes

Moins spectaculaires, les habitations troglodytiques ont aussi fait leur effet sur moi. À l’horizon, on ne les distingue pas, au milieu des roches et de la végétation rase.

Elles sont souterraines. En s’approchant, on voit des touffes de taros, des bananiers et d’autres plantes dans un grand trou. De l’eau aussi. Les habitants, qui s’y réfugiaient, avaient de quoi tenir. Autour, il y a un réseau de galeries. Dans le noir, à la lumière d’une lampe de poche, on remonte la grotte. Deux cents mètres à éviter de glisser et de se tordre les chevilles.

Au bout, en hauteur, le jour. Il faut sortir par ce trou. De retour à l’air libre, je peine à apercevoir notre issue, dissimulée par un petit arbre.

Et ?

Encore ? Oui, j’ai encore dans ma besace d’autres endroits, d’autres instants que j’ai vraiment aimés à l’Île de Pâques. Mais j’ai entamé ce post en précisant que je listais les lieux que j’avais préférés…

La fierté des Rapanui d’aujourd’hui pour leur culture, le mélange visible entre christianisme et traditions, mon escapade au sommet de l’île, les pétroglyphes de tortues et de hameçons de pêcheurs, la ressemblance de l’ajustement de certaines pierres avec celles des Incas… Eh oui, j’ai presque tout préféré ! Sans parler des lumières changeantes et de l’atmosphère que j’ai déjà évoquées. ;-) L’île m’a fascinée.

Je me suis aussi questionnée sur le développement du tourisme et ce qu’il implique sur une si petite île.

Je m’estime vraiment privilégiée d’y avoir mis les pieds pendant cinq jours. Je savoure encore cette escapade, qui me faisait tant rêver avant. Rapa Nui est restée, à mes yeux, extraordinaire et fascinante dans la réalité.

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