Hollywood, à la fois banal et mythique

Hollywood, à Los Angeles. C’est un mythe, mais l’endroit m’a semblé très accessible, voire globalement banal. Sauf qu’à y regarder de plus près, les ingrédients qui ont fait la légende sont toujours là.

Les visages d’Hollywood boulevard

Après la Polynésie, me voilà arpentant le béton de Los Angeles. Premières impressions d’Hollywood boulevard : une grande rue, des boutiques de souvenirs, des chaînes de fringues grand public (Gap, American apparel…), des attractions pour touristes (musée Guinness des records, Thussaud), des salles de cinéma (célèbres, mais qui ne payent pas toujours de mine)…

Le Dolby theatre (anciennement Kodak), où a lieu la remise des Oscars, est dans un centre commercial… Bref, rien de très folichon à part les délirants éléphants de béton de ce centre commercial.

Sur Hollywood boulevard.

Des étoiles…

Sur le sol, le Walk of Fame disparaît sous les pieds des passants. Un peu crasseuses, les étoiles ne brillent pas toujours. Elles se succèdent sur une longue distance des deux côtés du boulevard. Avec des emplacements libres pour les futures vedettes qui achèteront leur « star ». D’ailleurs, en face de l’entrée du métro, des ouvriers préparent de nouvelles étoiles. Les noms des célébrissimes acteurs (et personnages comme Shrek) côtoient ceux de personnalités (très !) méconnues.

Hollywood boulevard.

… et des gens

Sauf que le plus fascinant, ce sont les gens d’Hollywood boulevard. Les travailleurs, qui inlassablement avec sourire et entrain, vendent aux touristes des tours à la découverte des maisons de stars. Ceux qui sont déguisés : des Spiderman, un Mickey, des pirates des Caraïbes, un zorro, des Darth Vador…

Du coup, rien d’étonnant à voir un Chewbacca faire ses courses dans le supermarché d’à côté ! Lorsqu’ils bossent, gare au touriste qui prendrait une photo sans lâcher un petit billet ! Je me suis fait rudement rabrouée par une catwoman parce que je prenais le cliché d’une Marilyn en train d’être photographiée avec application et gourmandise par un monsieur âgé…

Leur présence créé des scènes marrantes. Johnny Depp qui prend la main de Catwoman, qui discute avec Marilyn Monroe…

Marilyn, Catwoman et Johnny.

Puis, il y a les inclassables, interlopes, intrigants… Ceux dont on perçoit qu’il s’est passé des choses dans leur vie. Destroys, mais pas totalement. Un peu ailleurs, mais encore ici. Un peu barges en marge. Presque clochards. Mais ce ne sont pas eux qui font les poubelles pour chercher les canettes et les bouteilles jetées par les touristes.

Avec leurs grands sacs de plastiques, ces derniers peuvent être des messieurs assez âgés. Non loin de l’opulent Beverly Hills, ils survivent en faisant les gestes que l’on aurait pu croire réservés aux pays en voie de développement.

Tapis rouge au Chinese theatre

Le Chinese theatre, ce cinéma d’Hollywood boulevard, est l’un des plus célèbres au monde. De nombreuses premières y ont lieu. A l’entrée, les fameuses empreintes dans le ciment laissées par les acteurs.

Là, les petits petons de Marilyn ; ici, les grands panards de Will Smith. Ces plaques, toutes différentes, bricolées, sont amusantes. C’est ce patchwork qui fait fantasmer plein de gens ? Des traces comme autant de blagues potaches ? C’est tout simple. Cheap, presque.

Devant le Chinese theatre.

La première d'Hitchcock au Chinese Theatre.Sauf que je repasse le soir devant le Chinese theatre. Tapis rouge, projecteurs, photographes, barrières… Le voilà en habit de fête pour le premier jour de l’Afi festival. C’est la « première mondiale » du film Hitchcock, avec Anthony Hopkins. Les stars défilent sous les flashs.

Les fans sont invités à rester derrière les barrières.

Certains sont équipés de petits escabeaux. L’un d’eux a peint un portrait de Hopkins dans Le Silence des Agneaux. Ça crie des « Michael », puis des « Dany »…

Je ne reconnais pas, mais je souris de voir qu’ « Hollywood » a bel et bien rendez-vous ce sur ce boulevard que je trouve un peu… banal.

Les grosses maisons de Beverly

Beverly Hills.Beverly Hills ? Son panneau d’entrée est une marque déposée. Ses bornes incendies sont peintes couleur argent (parce que le rouge, c’est réservé au reste des Etats-Unis, on va dire…). Le coin compte beaucoup de stars et de riches au kilomètre carré.

Pourtant, à part la taille des logis (et les bouches à incendie, donc), je trouve la quartier ordinaire. Là, le toit de la maison de Tom Cruise ; ici, le portail de celle de Ringo Starr. Par ici, l’ancienne maison d’Elvis Presley ; par là, celle de Christina Aguilera.

Les grandes maisons se succèdent. Styles « toscane », « grec à colonnes », « français »… Le (mauvais) goût made in America. Sauf que j’ai adoré voir ces baraques prêtes pour Halloween.

Certaines étaient devenues de vrais décors de ciné ! Avec tombes à gogo dans le jardin, squelettes sur les murs, toiles d’araignées géantes… Faut dire que la main d’oeuvre de jardiniers mexicains ne manque pas pour tout ça.

Halloween à Beverly Hills.

T’as qu’à tourner à côté

L'un des tunnels de Downtown Los Angeles.Au fur et à mesure qu’on se balade dans Hollywood et Los Angeles, on découvre que producteurs et réalisateurs ne sont pas allés chercher loin pour leurs décors. Et je ne parle pas de ce qui est recréé dans les studios !

Le bar du copain fera l’affaire pour une scène, l’hôtel devant lequel on passe tous les jours aussi. ;-) Exemples : une scène de la série Mad Men dans un pub de downtown ; des nombres incalculables de poursuites dans les tunnels du centre ; la bibliothèque de Los Angeles pour Ghostbusters (qui se passe à NYC, il me semble)… Le Griffith Observatory a été aperçu dans bien d’autres films que La Fureur de vivre. La liste est trèèèès longue.

Griffith Observatory.

Presque tout a été utilisé et filmé, on dirait. C’est normal. C’est à côté, ça coûte moins cher et on connaît les lieux. Ça casse un peu la magie mais je trouve ça fendard finalement.

Dans les studios de la Paramount

Le Hollywood sign depuis la Paramount.J’ai visité les derniers grands studios encore implantés à Hollywood même: ceux de la Paramount. Derrière les hangars, on distingue les lettres du Hollywood sign. Bon, quand je suis passée, la série Glee et des shows TV américains étaient en tournage. Pas de quoi rêver.

Sauf que c’est ici que je me suis enfin un peu sentie midinette ! Passer d’un studio à l’autre, devant les caravanes des acteurs, savoir que Le Parrain a été filmé précisément là, que Marlene Dietrich a sans doute marché ici…

Arf! J’adore voir stationnées les voitures de police des Experts Los Angeles, dont les gyrophares sont cachés par un bandeau « Studio picture vehicles ».

Les arrières de hangars permettent régulièrement de faire les ambiances sombres et crasseuses, celles des rues où il pourrait bien y avoir des meurtres… On passe un vaste bassin peu profond transformé en parking. Il servait aux scènes de mer et d’océan. Il est moins utilisé aujourd’hui. Figurez-vous que c’est là que Moïse, alias Charlton Heston, a fendu les eaux dans Les dix commandements !

Studios de la Paramount.

Et voilà New York ! Des rues sont reconstituées. Ici, un décor façon Soho (la façade derrière laquelle Demi Moore fait langoureusement de la poterie avec son mort de mari Patrick Swayze dans Ghost – une scène qui m’a toujours fait rire); plus loin, une rue « brownstone » est reconstituée… J’ai adoré.

Décor de NYC à la Paramount.

Démythifié et vivifié

Dans mon imagination, j’avais sans doute mis sur Hollywood une couche de vernis (à la couleur un tantinet vulgaire tout de même). Le vernis s’est craquelé. Pas une déception, seulement le sentiment d’être devant une réalité un peu différente de ce que j’avais vaguement imaginé. Comme quand on redécouvre la maison de son enfance et qu’on la trouve plus petite que dans ses souvenirs.

Je me suis dit : « Bah, en fait, c’est « normal » Hollywood. » Des rues, des immeubles, des boutiques… Un sentiment qui peut se produire lorsque l’on découvre un lieu célèbre un peu fantasmé. Le mythe est démythifié.

Il devient simplement réel et accessible. Si accessible qu’il en brille un peu moins. Sauf qu’à bien y regarder on y trouve toujours des ingrédients de la légende ! Ce paradoxe m’a vraiment plu.

Ils déboulent avec leurs valises

D’ailleurs, j’ai partagé ma chambre de dortoir avec une jeune actrice, qui arrivait de New York. Je l’ai vue envahir la piaule avec trois ou quatre énormes valises et un sac. Toutes ses affaires ou presque. Avec son meilleur ami (un type marrant comme tout), ils venaient tenter leur chance après leur formation de comédien à NYC. Ils emménageaient à Los Angeles. Et oui, ça existe encore ce genre de situation !

Après trois nuits à l’auberge de jeunesse, ils se sont dégotés un studio à partager. Quand je les ai quittés, ils allaient s’acheter des matelas pour dormir. « Pas la peine d’avoir d’autres meubles. On ne va pas être beaucoup dans le studio, toute la journée à essayer d’avoir des rendez-vous pour décrocher des castings », m’ont-ils expliqué.

Je leur souhaite de réussir pour ne pas en arriver à se déguiser en catwoman sur Hollywood boulevard…

L’Amérique, je veux l’avoir

Un dernier truc. J’ai fait un tour au Hollywood forever cemetery… Oui, parce qu’en fait mon tour du monde a une thématique cachée qui pourrait s’appeler Sur les pas de Joe Dassin ! :D Après avoir déjeuné (deux fois !) sous la fenêtre où le chanteur est mort à Papeete (voir une photo de mon post sur Papeete), je me suis recueillie sur sa tombe… Figurez-vous que c’est l’une des plus fleuries du cimetière.

« L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai »… :-)

Joe Dassin au Hollywood forever cemetery.

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