Les bras des Joshua trees
Dans le sud de la Californie, le Joshua tree national park est peuplé d’arbres… qui ont des bras. Ils vous saluent dans le désert de Mojave. Comme autant de gardiens immobiles.
U2 et Rain Man
En retombant sur la vidéo que j’ai faite pour résumer quatre mois de voyage, je me dis que les Joshua trees méritent un peu plus qu’une apparition fugace sur ce blog. Non pas que je sois fan du groupe U2, dont l’album The Joshua Tree a rendu célèbre cet arbre, mais la silhouette de cette plante a quelque chose de fascinant, au milieu du désert.
Comme celles des éoliennes qui peuplent les champs de poussières lorsque je quitte Palm Springs pour aller au Joshua tree national park.
Sur des kilomètres, une « foultitude » de piquets blancs tournent au vent. Ils me rappellent le film Rain Man.
Tu passes par Yucca valley
Le parc national Joshua tree se situe au sud-est de la Californie, dans le vide approximatif du désert entrecoupé de larges routes. Ici, ce n’est pas vide-vide, mais il n’y a pas grand chose non plus en ce mois de novembre.
Une végétation basse, des panneaux publicitaires. Quelques villages étalés aux maisons plates, entourés de taches vertes d’arbres, se détachent du sol beige. Je passe par la ville de Yucca Valley pour arriver au village de Joshua Tree (car, oui, il s’appelle aussi comme ça !). La route se poursuit vers la ville de Twentynine palms… La toponymie du coin parle d’elle-même.
Et voilà le parc
Au centre pour les visiteurs du National Joshua tree park, j’achète un billet. Je m’informe sur la faune et la flore du désert. J’aime les déserts, je crois (j’ai déjà écrit sur la Vallée de la mort aux États-Unis et le désert d’Atacama au Chili).
Et me voilà mise en garde : faut faire gaffe à ne pas écraser les grosses mygales du désert (en anglais Tarantula) qui traversent la route…
Ok. D’accord. Je les laisserai passer de loin. D’ailleurs, le site internet du parc insiste :
Comme tous les animaux du parc, la mygale du désert mérite votre respect. Parce qu’elle fait plus que survivre : elle parvient à s’épanouir dans un milieu où la frontière entre la vie et la mort est mouvante. »
Brrrr… Bon, en fait, je n’ai pas vu de mygales.
Hallucination de Mormons
Mais des Joshua trees, oui ! Ces plantes, de la famille des yuccas, poussent dans la partie haute du parc, plus tempérée et humide. C’est le désert de Mojave. Le désert du Colorado, plus sec, est le paradis du cactus cholla.
Le nom de « Joshua tree » serait le fruit de l’imagination d’immigrants mormons, qui traversaient le désert vers l’ouest. La silhouette de cette plante leur évoquant le Josué de la Bible, levant les bras et guidant les voyageurs vers la Terre promise.
Je trouve aussi que le Joshua tree semble avoir de multiples bras, mais plutôt ceux de… pom-pom girls avec leurs pompons ! ;-)
Des histoires du survie
Qu’importe, cet « arbre » a de l’allure. Touffu ou élancé. Torturé ou replet. Avec deux ou dix bras. Ce sont des habitants du désert, debout sous le soleil. Ils racontent des histoires « de survie, de résilience et de beauté née de la persévérance », note joliment le site du parc.
Après un incendie ou une inondation, ils peuvent repartir rapidement. Au printemps, ils fleurissent. Il suffit qu’ils aient reçu juste la bonne dose de pluie, au bon moment, le tout après un petit coup de gelée hivernale… Évidemment, ils n’ont pas d’anneaux de croissance, comme les chênes, mais il semblerait que certains soient centenaires.
Voilà quelques photos. Parmi les Joshua trees se glissent peut-être un cousin de cette plante, qui lui ressemble beaucoup à ce qu’il paraît, mais je ne saurais les différencier.
La pierre blonde
Le parc compte de nombreux sentiers de randonnée. On y marche au milieu de blocs de pierre blonde, des petits canyons dorés, des formations volcaniques. L’endroit est prisé pour la varappe.
Dans la Hidden valley (vallée cachée), du bétail aurait été parfois caché au XIXe siècle. Des cowboys venaient abreuver leurs bêtes un peu plus loin. En cet automne où je m’y balade, le petit barrage aménagé dans les rochers ne retient que de la poussière. Le réservoir est vide.
A quelques centaines de mètres de là, je tombe sur des pétroglyphes amérindiens. Signe qu’ils y trouvaient là abondance de graines, de baies et d’animaux.
Même le désert n’est pas si désert.
La faille de San Andreas
En grimpant (en voiture) jusqu’à Key’s view, on atteint les 1580 m d’altitude. L’horizon s’élargit. Il fait un temps clair en ce matin de novembre. À mes pieds, la célèbre faille de San Andreas. Ce nom croisé dans les manuels de géo devient réel. Palpable presque. Ça me ferait presque frémir.
Cette faille, à l’origine des nombreux séismes en Californie, s’étend sur plus de 1000 km, jusqu’après San Francisco.
Je scrute le lointain. Au sud, j’aperçois presque la frontière mexicaine. En plissant les yeux, je retrouve au nord les champs d’éoliennes que j’ai vus en arrivant.
La boucle est bouclée. Je repars au volant de ma petite auto affronter les autoroutes à 16 voies, bien plus effrayantes que les mygales du désert.
Laisser un commentaire